C’est l’une des plus anciennes maisons de Saint-André : quelle est son histoire ?

C’est l’histoire d’une maison. L’histoire d’une famille, aussi. Car il arrive que l’une et l’autre soient inextricablement liées. C’est le cas pour cette demeure, dont le destin s’est identifié dès sa construction avec celui d’une famille, qui y habite encore aujourd’hui.
Cette maison, c’est celle du n°18 de la rue de Sébastopol. Et cette famille, c’est celle des Martin-Moussard.

 

L’histoire de cette maison du n°18 commence en fait à quelques numéros de là, le long de cette même rue de Sébastopol, dans ce qui est encore un hameau rural aux abords de l’agglomération rouennaise. Quelques années plus tôt, en 1860, l’entrepreneur Pierre Jules Piquerel a lancé ici, au milieu des champs et des herbages, un projet immobilier d’envergure : il s’agit, ni plus ni moins, de créer ex nihilo un quartier résidentiel et d’attirer la bourgeoisie rouennaise lasse de la pollution et des désagréments de la ville !

Le projet convainc Auguste Martin, commissaire-priseur de la salle des ventes de la rue Croix-de-Fer et fils du peintre Gabriel Martin, qui achète une maison dans les années 1870. Bien ensoleillé, à l’abri des odeurs des fabriques de la vallée, paisible et encore champêtre, le lieu ne manque pas d’attrait. Tant et si bien que l’un de ses collègues et amis, Albert Moussard, commissaire-priseur lui aussi, décide de le rejoindre et de s’installer dans la même rue.

C’est chose faite en 1891, avec l’achat du terrain, où s’érige bientôt une maison dont les plans – fait inhabituel – ont été dessinés par Julia Moussard, son épouse. Voilà les deux familles, les Martin et les Moussard, partageant la même rue, presque le même jardin !

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Vue depuis la rue Sébastopol vers la rue Verte, en 1891.

Collection Martin.

Les deux familles réunies dans le jardin des Martin, en 1894.

Collection Martin.

La maison de la famille Martin, aujourd’hui.

DR.

Sur la droite : Maria Martin, née Rollet, et Auguste Martin.

Collection Martin.

Albert Moussard et Julia Moussard, née Arondel, en 1894.

Collection Martin.

La maison de la famille Martin, aujourd’hui.

DR.

Ces deux familles sont représentatives de la phase d’urbanisation du quartier Saint-André en cette fin du XIXe siècle : une bourgeoisie aisée sans être richissime, fuyant les rues étriquées de Rouen, cultivée, mêlant ascension sociale (les aïeux d’Auguste Martin sont simples cultivateurs du pays de Bray) et transmission patrimoniale (la femme d’Albert Moussard est quant à elle une riche héritière)… Si cette classe sociale n’est pas majoritaire dans le quartier Saint-André, elle lui donne pourtant son identité, notamment architecturale, avec ces demeures de briques et de silex, teintées d’Art nouveau, souvent imposantes sans être fastueuses.

On peut voir, sur l’une photographies ci-dessus, les deux couples en contrebas de la maison des Martin, entourés des enfants de Julia et Albert Moussard, qui en eurent six : Marcel, Alice, Robert, Suzanne, Jeanne et Berthe. Une image qui souligne la différence flagrante entre ces voisins qui partagent tant : si les Moussard ont de nombreux enfants, les Martin, eux, n’ont pas de descendance. Ils ont en revanche un jeune neveu, Jean Martin, qui est enseigne de vaisseau de marine nationale… et célibataire.

Les deux familles scellent définitivement leurs liens avec le mariage de ce neveu, Jean Martin, et de Berthe Moussard. C’est cette dernière qui héritera, à la mort de ses parents (Albert décède en 1907 et Julia en 1940), de la maison du n°18.

Albert Moussard.

Collection Martin.

Jean et Berthe Martin en 1909, deux ans après leur mariage.

Collection Martin.

La maison du n°18, en 1927.

Collection Martin.

Jean et Berthe Martin, entourés de leurs sept enfants.

Collection Martin.

Aux mains de la Wehrmacht

Les comptes relatifs à la maison du n°18, faisant apparaître les indemnités versées au titre de l’occupation allemande.

Collection Martin.

Le 9 juin 1940, les troupes allemandes pénètrent dans Rouen. Plusieurs maisons de Mont-Saint-Aignan sont réquisitionnées par la Wehrmacht, qui jette son dévolu sur les plus belles demeures pour ses officiers. Une indemnité est prévue pour les propriétaires – qui n’ont d’autre choix que de plier bagages –, acquittée, selon la convention d’armistice, par le régime de Vichy.

C’est le cas de la maison du n°18 de la rue de Sébastopol, qui voit l’installation, dès août 1940, de soldats du IIIe Reich. Expulsée, la famille se réfugie dans le Perche. Les Allemands s’empressent de murer certaines portes de la bâtisse et de construire des baraquements dans le jardin. C’est tout ce qui restera après leur retraite en 1944 : la maison a été minutieusement pillée, pièce par pièce. Alice, l’une des filles d’Albert Moussard, laissera à ce sujet une émouvante lettre, elle qui perdit ainsi tous les souvenirs familiaux durant cette occupation :

Notre maison dont Maman fut l’architecte bâtie en 1893 à Mont-St-Aignan quartier St André rue de Sébastopol n° 18 résista aux bombardements de la guerre mondiale 1940-45 mais fut occupée et dévalisée en très grande partie de son contenu, chaque appartement fut fouillé impitoyablement… Tout un pavé d’heureux souvenirs de vie familiale très animée disparu à jamais… que rien, ici-bas, ne pourra remplacer.

La note laissée par Alice Moussard, datée du 11 septembre 1945.

Collection Martin.
Quelque temps après la Libération, et alors que Rouen a subi d’importants dommages, la maison est louée à la Direction principale de l’enseignement technique, qui en dresse les plans et la remanie pour en faire un bâtiment administratif avec guichet d’accueil, bureaux…

Les plans de la maison établis par la Direction de l’enseignement technique.

Collection Martin.

La famille Martin réinvestit les lieux en 1957, lorsque le commandant Robert Martin, fils de Jean Martin, s’y installe avec son épouse et leurs cinq enfants. Figure bien connue du quartier Saint-André, le commandant Martin habitera la maison jusqu’en 1990, avant que sa dernière fille et son mari n’y emménagent à leur tour.

Ils y demeurent aujourd’hui encore, gardant vive la mémoire de cette maison familiale.

Nous remercions cette famille, qui nous a ouvert ses portes et a mis ses archives à notre disposition.

DR.